Je ne vous apprends certainement rien en vous disant qu’aujourd’hui, c’est la Journée Internationale de la Femme, une journée qui souligne le droit des femmes et ce, partout à travers le monde. Une journée qui souligne le travail acharné qu’ont mené certaines femmes afin que nos droits soient reconnus. Une journée qui souligne des années et des années de luttes pour obtenir un statut digne des individus que nous sommes toutes. Le combat est à des milliards de kilomètres d’être terminé, mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, c’est le Journée de la Femme avec un grand « F ».
Je suis entourée de femmes inspirantes. J’ai une maman, une belle-maman, des grands-mamans, des cousines, des tantes, des collègues, des amies et même des connaissances inspirantes. Des femmes qui à leur façon travaillent elles aussi à faire cheminer la Femme avec un grand F. Toutefois, aujourd’hui, j’ai décidé de parler de l’une d’entre elles tout particulièrement. Pis je ne l’ai pas avertie d’avance parce que j’avais comme peur qu’elle ne veuille pas que je parle d’elle. Fait que désolée pour ta modestie Mô, mais aujourd’hui, c’est à toi que le Carnet d’une maman etc. s’intéresse.
Mô, c’est ma grand-mère paternelle. Ou aussi ma deuxième mère. Ou aussi mon amie. Ça dépend des jours. Mô, c’est une femme exceptionnelle. Peut-être que vous la connaissez vous aussi… elle commente souvent mes articles en les commençant par « ma grande » ou en les terminant par « Bye ma grande ». Parce qu’effectivement, je suis grande, mais je suis aussi sa grande, sa plus vieille petite-fille et probablement celle qui lui ressemble le plus.
Plus je prends de l’âge, plus je ressemble à Mô. C’est indéniable. Si notre ressemblance est frappante sur certaines photos de sa « folle » jeunesse (hihi) elle l’est encore plus aux niveaux émotionnel et psychologique, parce que c’est à Mô que je dois mon amour pour les arts, ma piqûre de l’histoire, ma passion pour la lecture, mon addiction sans fin pour les livres de recettes ainsi que mon p’tit côté « moulin à parole », mon tempérament stressé et ma tendance à l’hypocondrie haha!
Mô et Lô (Lô étant mon grand-papa) restent à un peu moins d’un kilomètre de chez mes parents. Quand j’étais petite, c’était immanquable, mon grand-papa venait me cherchait à la maison le samedi matin et je passais la journée chez eux à faire mille et unes choses. Quand j’ai commencé l’école primaire, j’ai comme eu une promotion de grande fille et j’ai commencé à avoir le droit d’aller toute seule à pied chez mes grand-parents. Aujourd’hui, mes parents se feraient traiter d’indignes de laisser leur fillette prendre une marche seule dans un rang de campagne, mais faut croire qu’il y a 20 ans de ça, c’était ben normal. J’aimais tellement ça partir de chez mes parents comme une grande fille et marcher jusque chez Mô et Lô. Je trouvais tellement que je paysage était beau. Je pensais à plein de choses. Ça fait partie des plus beaux souvenirs de mon enfance!
Chez Mô, je regardais ses dizaines de livres de cuisine et on essayait des nouvelles recettes. On allait magasiner. On regardait des livres (et je me souviens que j’aimais particulièrement l’histoire de Nicole qui voulait la lune. Mô s’en souviendra certainement elle aussi). On faisait du dessin, de la pâte à modeler et de la peinture. On jouait au jeu de mémoire. On allait à la ferme. On faisait des promenades. On allait à la messe. Et elle me racontait des histoires de « l’ancien temps », de son enfance. Elle nous a aussi gardés, mes frères et moi, sur l’heure du dîner et à notre retour de l’école lorsque nous allions au primaire. On mangeait comme des rois! Pis même si on a défoncé deux (ou peut-être ben trois) fois le mur de la salle de bain, elle ne nous a jamais ben ben chialé (mais on avait vraiment peur de sa fameuse « prise de l’ours ». On n’a jamais su c’était quoi, mais on en parle encore hahaha!)
Mô, elle fait partie de cette génération que je trouve fascinante. Elle est née en campagne, dans un monde où les chevaux et les calèches étaient encore au goût du jour. Elle est née au beau milieu d’une famille de 15 enfants, dans une ferme où l’électricité n’existait pas. Puis, elle a vu son papa acheté sa première voiture, elle a vu apparaître les premières télévisions, la sécheuse, le micro-ondes et le IPad. Aujourd’hui, elle a un portable, un cellulaire et elle fait du Skype avec ses frères et sœurs qui demeurent à l’extérieur. Imaginez-vous? Pour nous, tout ça, ça va de soi, mais pour les gens de sa génération, c’est une évolution fulgurante! Pis elle, ben elle réussit à toujours être dans son époque et à suivre la vague.
Mô, elle fait aussi partie de cette génération de femmes là qui ont commencé à investir le marché du travail. Ça fait qu’elle, elle a eu trois enfants et elle a toujours travaillé en dehors de la maison. Pis croyez-moi, c’était loin de l’empêcher de cuisiner comme un chef, de superviser les marmots (et je souligne que ses garçons, à en croire leurs histoires, ont eu des périodes pas pentoute reposantes!) et de désinfecter ses murs avec de l’alcool à friction! Elle a aussi eu son lot d’épreuves… Son aîné était un bébé prématuré, chétif, pas vraiment en santé. Il a dû avoir les jambes plâtres et on avait gentiment dit à ma grand-maman que cet enfant-là, il ferait peut-être pas grand chose. Ben cet « enfant-là », c’est mon papa et je pense que finalement, il en a fait ben en masse. Elle a aussi perdu sa fille, Isabelle, alors que celle-ci n’avait qu’un mois de vie. Un problème cardiaque et soudainement, mes grand-parents perdaient leur première fille. Pis comme si c’était pas assez, ben Mô à eu 2 cancers. Sauf que malgré tout, ben elle est encore là, comme le roseau dans la chanson des cow-boys fringants… le roseau qui plie sous les tempêtes, mais qui résiste à tout.
Aujourd’hui, j’suis devenue une adulte. Une vraie adulte qui court après le temps pis toute. Entre la maison, l’épicerie, les brassées de lavage, le bébé, le chum, les repas pis l’entraînement, j’manque de temps des fois (souvent) pour les gens importants. J’vois Mô (et Lô) moins souvent. J’vais moins souvent dans leur maison qui sent tellement bon. Mais Mô est toujours là. Toujours. Elle m’écrit des messages sur Facebook, elle me suit sur le Carnet, elle me téléphone, elle s’informe, elle s’inquiète.
Mô, sans exagérer, je peux dire que c’est un des êtres humains les plus importants de ma vie. Je me demande même si je n’irais pas jusqu’à dire que c’est la personne qui a été la plus déterminante dans ce que je suis devenue, dans ce qui m’anime, dans ce qui fait de moi, moi. Je ressens toujours une immense fierté quand quelqu’un me dit que je lui ressemble parce que je pense à dans longtemps, à dans quand moi-même je serai grand-maman et je me dis que si je suis une aussi bonne grand-mère qu’elle, ben j’aurai tout réussi!
Mô, cette Journée de la Femme avec un grand « F » est pour toi parce que dans ma tête et dans mon cœur à moi, tu mériterais ta propre journée internationale. Quand je pense aux femmes brillantes, aux femmes inspirantes, aux femmes battantes qui ont construit ce que nous avons aujourd’hui, ben je pense invariablement à toi.
Ta grande, Jessica XxX
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