Dernièrement, j’ai vu plusieurs fois passer le terme de « mère maternante ». J’ai lu quelques articles sur le net qui utilisaient ces mots et je les ai aussi croisés quelques fois dans des blogues de mamans ou sur les médias sociaux en général.


Pour être certaine de bien vous expliquer ce que c’est une mère maternante, je suis allée fouiner plus profondément dans les zinternets et grosso modo, la définition d’une mère maternante, c’est une maman qui :
– A choisit de faire l’allaitement de longue durée;
– Offre des aliments les plus naturels possible à son enfant;
– Pratique le cododo;
– Utilise des couches lavables;
– Favorise la médecine douce et les produits naturels;
– Éduque son enfant dans la non-violence;
– Pratique le portage relativement intensif;
– Et ultimement, ça peut même aller jusqu’à la déscolarisation de l’enfant, c’est-à-dire que l’enfant va à l’école à la maison.

J’ai ben de la peine de vous annoncer que je ne suis pas une « mère maternante ».


Eh non, la façon dont j’élève et je prends soin de mon fils ne me permet pas d’entrer dans la team des maternantes. C’est de même. Il semblerait que tout ça, ce ne soit pas assez…

Là, avant de continuer, je vais faire quelques précisions : je n’ai eeeeeeeeerien contre les mamans qui utilisent ce terme. Je n’ai rien contre les mamans maternantes non plus! La question n’a pas là. À la lumière de mon article, vous verrez que j’en veux au terme lui-même.

Fait que c’est ça. Parce que j’ai allaité seulement un mois, parce que je ne fais pas de cododo (ou mettons juste dans les cas extrêmes), parce que je n’utilise pas des couches lavables, parce que des fois je laisse pleurer M. Louis (ce qui est considéré comme de la violence dans l’idée du maternage intensif), parce que j’ai acheté mes purées au lieu de les faire, parce que ci, parce que ça, je ne suis pas une maternante. Pis ça me choque. Sans joke, ça me choque ben raide.

PicsArt_03-07-06.19.13Petite leçon de français ici : Maternante, ça veut dire « qui materne ». Comme « aimant» veut dire « qui aime » et comme « dessinant » veut dire « qui dessine ». Fait que moi, par définition, si je ne suis pas une mère maternante, ben je ne materne pas. Et considérant (qui veut dire « qui considère ») que materner veut dire « s’occuper de quelqu’un comme une mère », ben moi, je ne m’occupe pas de mon enfant comme une mère se doit de le faire. Désolée mon bébé.
Vous rendez vous compte de l’espèce de pression qui pèse sur les jeunes mamans des dernières années? Le voyez-vous seulement? Si elle ne se donne pas corps et âme, si elle n’allaitent de façon prolongée, si elles ne cuisinent pas bio, si elles écoutent les médecins, si elles utilisent des Pampers, si elles ont une chambre séparée de celle de leur bambin, elles ne sont pas maternantes. Fait qu’elles ne maternent pas.
Quand j’ai créé le Carnet d’une maman etc., mon objectif c’était de montrer que même si la maternité prend la grande place de ma vie, de mon cœur et de ma tête, au-delà de mon rôle de maman, je reste autre chose, je reste tout ce que j’ai toujours été; une amie, une amoureuse, une amante, une sœur, une fille et une femme. Pis c’est ben de valeur, mais si je devais faire tout ce qu’il faut pour être une maternante, je devrais mettre tout le reste de côté. Je devrais devenir une maman, une maman et uniquement une maman pis ça, je m’excuse 1000 fois d’avance, mais ça me rendrait terriblement malheureuse. J’dis pas que c’est mal d’être une maternante, bien au contraire, mais j’dis que moi, avec MA personnalité, avec MA façon de voir les choses, si je devais faire tout ce que dois faire une maman maternante, ben ça m’avalerait tout rond. Je me perdrais là-dedans. Est-ce que ça fait de moi une mauvaise maman? Est-ce que ça fait de moi une maman qui ne materne pas? Est-ce que ça fait de moi une maman moins aimante? Dans ma tête et dans mon cœur, non. Mais des fois, dans le regard des autres, je sens que oui.

Dans ma façon d’être une maman, je reproduis un modèle. Je reproduis un modèle qui, àScan mon sens, a donné des pas pires résultats. Je reproduis le modèle de ma maman et de mon papa. Chez nous, il y a mes deux p’tits frères, mes parents et moi. Je pense qu’on est relativement bien élevés; on dit « vous », « svp » et « merci » pis on mange en se fermant la bouche. Je pense qu’on a des valeurs pas pire; la fidélité, l’amour, l’amitié, le respect et la famille sont pas mal des points centraux, tant dans ma vie que dans celles de mes frères. On s’chicane pu depuis que nous sommes sortis de l’adolescence, on se respecte, on s’dit ce qu’on a à se dire et on peut toujours compter l’un sur l’autre. Peu.importe.quand. Je pense aussi qu’on est conscient de la chance qu’on a de n’avoir jamais manqué de rien, d’avoir toujours été respectés par notre entourage, d’avoir pu faire nos expériences, de toujours avoir été compris et surtout, d’avoir étés et d’être encore aimés en fou. Pourtant (désolée maman), ma mère n’était pas et n’est pas une maternante.

Ma maman ne nous a jamais allaités ni pris en portage. Nous avons eu des biberons et des couches jetables. Nous avons toujours toujours dormi dans notre propre lit, dans notre propre chambre. On a toujours fait nos lunchs nous-mêmes et on a commencé à faire nos propres déjeuners assez jeunes. Des fois, on mangeait du fast-food et dans ce temps-là ON BUVAIT DE LA LIQUEUR, avec la moustache orange qui venait avec pis toute! Tous mes amis disaient que mes parents étaient sévères : on n’a eu le câble et l’internet alors que 10369726_875763889106786_8776711759892365657_nj’avais genre 14 ans, j’ai mis mon bas de soute pour aller à l’école jusqu’au secondaire pis même au Cégep, ils me forçaient encore à mettre des bottes l’hiver, j’avais des permissions à demander pour aller chez des amis ou à des partys et même plus tard, à l’époque des bars, ils freinaient parfois mes élans de sortis (et mes élans vestimentaires aussi). À partir du moment où j’ai cessé d’être un bébé, ma mère n’a jamais fait semblant qu’un de mes dessins était fantastiques et fabuleux si elle jugeait que je pouvais faire mieux. Pis elle m’a toujours dit la vérité quand mes cheveux, mon linge ou mon maquillage (ou les 3 en même temps haha) laissait à désirer. On se faisait chialer aussi. Fort des fois.
Sauf que…Ma maman me coiffait tous les matins avant d’aller à l’école (jusqu’à ce que je décide que j’avais assez de talent pour le faire moi-même) et elle faisait toujours la coiffure que je voulais. Elle m’aidait toujours dans mes devoirs quand j’avais de la misère, même quand j’étais rendue à l’université. Imaginez : elle déteste l’histoire et pourtant, elle lisait mes travaux de 20-25 pages pour les commenter. Elle acceptait toujours qu’on l’aide à cuisiner, même si en réalité, on lui nuisait probablement plus qu’autre chose. Quand nous étions malades, elle s’assurait que nous avions tout ce dont nous avions besoin et elle restait parfois avec nous à la maison. Quand nous allions à l’école primaire, elle nous appelait tous les midis pour être certaine que tout allait bien. Ma mère autant que mon père nous ont toujours dit et répété qu’on pouvait les appeler EN TOUT temps si nous avions besoin. Mon père venait me chercher à 3h du matin en face de la porte du bar et il ramenait toutes mes amies à la maison au lieu de me dire de m’organiser et de prendre un taxi. Mes parents ont toujours fait en sorte qu’on ne manque de rien, même si nous étions loin d’être les plus riches.
Ce n’est pas ça « materner »? Ce n’est pas ça être des parents « maternants »? Ben non, ça l’air que ça prend plus que ça…
Vous savez, on vit dans un monde de pression.
  • Il faut être juste bien mince, bien manger et faire du sport, mais il faut impérativement s’accepter comme on est. Il faut avoir plus qu’une « job ».
  • Il faut avoir une carrière et s’investir à fond dans notre travail qui doit absolument nous permettre de nous épanouir (au moins un peu entoucas), mais il faut prendre le temps de vivre et d’être en vacances.
  • Il faut qu’on mange bio, qu’on encourage le commerce local, qu’on consomme des produits d’ici, qu’on soit le plus vert et écolo possible, mais il faut aussi qu’on gère un budget qui est de plus en plus serré.
  • Il faut qu’on vive dans l’esprit vintage, il faut qu’on recycle, il faut qu’on priorise le Do It Yourself, mais il faut qu’on est les derniers gadgets à la mode.
  • Il faut qu’on vive le moment présent, mais il faut qu’on mette de l’argent de côté pour notre retraite qu’on ne prendra pas avec 67 ans.
  • Il faut qu’on soit heureux de l’héritage des générations avant nous et qu’on voit à quel point nous sommes chanceux d’être nés dans une société telle que la nôtre, mais bientôt, nos salaires ne seront plus suffisant pour payer tout ce qu’on a à payer.

Pis là, EN PLUS, il faudrait qu’on mette aussi de la pression sur le rôle de maman? Sur le rôle le plus primitif et naturel de l’histoire de l’humanité (et même de l’Histoire tout court)? Il faudrait qu’on se fasse dire quoi faire d’un bord comme de l’autre? Il faudrait qu’on surfe entre le « Dans mon temps on faisait ça pis ça jamais tué personne » pis le « Il faut faire attention à tout et être des maternantes jusqu’au bout des ongles »?

Ben moi, j’suis désolée, mais je le dis, redis et reredis : Je suis une maman. Point. Fin. That’s it. Je ne suis pas cinglante, je ne suis pas parfaite, je ne suis pas ordinaire. Je suis la maman de Louis. C’est tout. Et vous pouvez être « juste » la maman de vos enfants aussi, si vous voulez. Vous pouvez faire juste ce que vous pensez être le mieux, ce qui rentre dans vos valeurs, dans vos convictions. Si ça « fit » avec le set-up de maternante, tant mieux, sinon, ben tant pis. Moi, j’vous le dis, peu importe le qualificatif qui colle (ou pas) à votre statut de maman, vous êtes des bonnes mères, j’ai même pas d’doute là-dessus.20170105_085711

Mon but avec cet article, ce n’est pas de me faire dire « OMG!!! TELLEMENT D’ACCORD » ni « Sérieux. Trop pas d’accord avec ça!!!!! » (quoique ça m’dérange pas non plus hihi)!  Mon vrai vrai but avec cet article, c’est qu’il y ait peut-être quelque part une maman, une maman un peu stressée, une maman un peu fatiguée, une maman un peu mêlée, bref, une maman qui se dise que finalement, elle a peut-être juste besoin d’être elle-même pour être une bonne mère 🙂

Peace les moms!

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