Ma préparation thérapeutique quotidienne; les origines
Il était une fois, une adolescente
Ma préparation thérapeutique quotidienne remonte à loin. Bien avant que je sache qu’elle existait et qu’elle s’appelait ainsi…
J’ai commencé à me maquiller lorsque j’ai commencé le secondaire. Je ne me trouvais pas particulièrement jolie, mais quand je soulignais mes yeux avec un trait de crayon noir, je trouvais que ces derniers s’illuminaient. Tranquillement, au crayon noir s’est ajouté de l’ombre à paupière, du mascara, du cache cerne, du fond de teint, du fard à joue et tout le tralala. J’trouvais que maquillée, j’étais mieux. Je me maquillais chaque jour de ma vie, beaucoup, peu importe l’activité que je devais faire dans ma journée. Je ne m’y connaissais pas beaucoup alors j’ai rapidement perdu le contrôle de ma peau trop agressée et plus je perdais le contrôle, plus je me maquillais.
Je me souviens, un jour, j’étais en secondaire 5 et j’avais eu une dispute avec mes parents. Ce matin-là, trop ébranlée (c’était surement pas une dispute si pire que ça, mais à 17 ans, le drame n’est jamais loin haha), j’étais allée à l’école sans me maquiller et un des gars de ma classe ne m’a pas reconnue sur le coup (salut Sam!)!!!
Puis, j’ai commencé le Cégep pendant cette période où le mou était ben ben à la mode. J’allais parfois à l’école en jogging pis en espad’ et j’ai diminué la quantité de maquillage que je mettais dans mon visage.
Au fil du temps, je me suis mise à faire plus attention aux produits que j’utilisais, à bien nettoyer ma peau, à bien l’hydrater et j’ai, de fil en aiguille, repris le contrôle sur elle. Le maquillage a cessé d’être un espèce de mur derrière lequel me cacher et est plutôt devenu une façon de simplement sublimer mes traits, de souligner ce que j’aime de moi.
Il était une fois une future maman
Lorsque j’ai su pendant ma première grossesse que je devrais être alitée afin de donner le plus de chance possible à mon bébé, j’ai pleuré une journée de temps su’l divan. En pyjama. Pas maquillée. Les cheveux sales. J’me disais que j’allais virer raide dingue de vivre ma grossesse ainsi. Ce soir-là, je suis rentrée à l’hôpital parce que j’avais des contractions aux minutes. J’y ai passé toute la nuit. Le lendemain matin, quand super chum-papa est venu me chercher, le soleil brillait dehors. Le personnel hospitalier était parvenu à faire cesser mes contractions. Le gynécologue m’avait affirmé que tout irait bien si je me reposais beaucoup. J’étais de bien meilleure humeur que la veille.
De retour à la maison, j’ai demandé à super chum-papa qu’il me mette une chaise dans la salle de bain. Je m’y suis assise. J’ai lavé mon visage. Je lui ai mis de la lotion tonique et une crème hydratante. J’ai mis du cache-cerne, du fond de teint et du fard à joue. Je me suis fait un trait d’eye liner et j’ai mis du mascara. Ensuite, j’ai brossé mes cheveux. Je les ai lissés au fer plat puis les ai arrangés en chignon bas, ma coiffure de prédilection. J’ai mis du fixatif afin que mes cheveux survivent à une journée couchée sur le divan. Je me suis dirigée vers ma chambre, j’ai enlevé mes joggings de la veille, enfilé un jeans de maternité et un beau chandail. Puis je suis allée m’installer sur ce qui allait devenir mon chez-moi pour les 10 prochaines semaines: le divan du salon.
À ce moment-là, j’ai compris que chaque jour de mon repos forcé, j’allais prendre quelques minutes pour m’arranger. J’ai compris que les gestes bien simples que je faisais presqu’à tous les jours depuis des années -me maquiller, me coiffer et m’habiller- je ne les faisais pas pour bien paraître et pour que les autres me trouvent belle. J’ai compris que je faisais tout ça pour moi. Pour mon âme. Pour mon bien-être. Pour prendre du temps juste pour moi chaque jour. Pour souligner ce que j’aimais de moi. J’ai compris que ça, juste ça, ça allait m’aider à avoir un moral d’acier pendant la période de mon repos… Parce qu’on se sent toujours moins patate pillée avec du mascara dans le visage et un coup de peigne dans la tignasse.
Ma préparation thérapeutique quotidienne était née.
Il était une fois une femme
Il y a très peu de jours dans une année où je ne fais pas de préparation thérapeutique quotidienne. Généralement, c’est lorsque je suis malade… genre TRÈS malade ou que je prévois passer la journée dans la piscine ou à la plage. Sinon, c’est un rituel quotidien, sept jours sur sept, peu importe ce que j’ai de prévu dans la journée. Parce que ça m’fait du bien. Parce que cette vingtaine de minutes là que je prends chaque matin ne sont que pour moi. J’installe Louis devant une Pat’Patrouille, JayJay dans son tapis d’éveil et puis hop, la valse des brosses à cheveux, peignes, mascara et ombres à paupières se met en branle autour de mon visage. Pendant ce temps-là, je ne suis pas entrain de ramasser des miettes de nourriture par terre ni d’essuyer un nez qui coule; je suis là, face à moi-même, et je laisse vagabonder mon esprit pendant que mes mains s’affairent presque toutes seules, comme par magie.
Je n’ai pas besoin de la préparation thérapeutique quotidienne pour être belle aux yeux des autres; j’ai dépassé ce temps. Ma beauté, avant de provenir de mes traits, elle s’inscrit dans la personne que je suis. Elle passe par les yeux de ceux qui me regardent, par l’amour que mes enfants me portent, par les mains de super chum-papa. Ma préparation thérapeutique quotidienne, elle n’est que pour moi. Pour prendre le temps de prendre le temps. Pour me choisir le temps de quelques minutes par jour. C’est comme un rituel bien-être… qui passe par du fard à joue!