Je ne sais pas par où commencer. J’ai plein d’idées qui se bousculent dans ma tête. Je suis même entrain de me demander si je ne devrais pas me faire un plan de rédaction… vous savez, comme ceux que nous étions obligés de faire avant nos productions écrites du secondaire et du Cégep. Je me lance…
Récemment, Marilou, la chanteuse et entrepreneure, a posté sur les médias sociaux une photo d’elle dans le cadre de sa participation à « 366 jours de look » du magazine Loulou. Sur cette photo, on apercevait les cuisses de la jeune femme et il n’en fallait pas plus pour créer un tsunami de méchancetés! Pour ceux qui ne le savent pas, Marilou a déjà souffert d’anorexie sévère dans le passé. Or, depuis son accouchement, elle a perdu beaucoup de poids même si elle affirme manger comme 10 (salut les hormones et le corps qui change). C’est donc des cuisses un peu maigrichonnes qu’on a pu apercevoir sur ladite photo. Seigneur! Immédiatement, certains ont crié à l’anorexie, qu’elle devrait manger, que ça pas d’allure être maigre de même, qu’elle était malade et blablabla. Pour utiliser le terme que j’ai appris récemment, elle a été victime de « body shaming ».
Tout ça, ça m’a fait réfléchir sur le corps. Sur la vision du corps. Ça m’a fait réfléchir sur mon corps, sur ma machine, sur la chose qui me permet d’être en vie et de faire ce que j’ai envie de faire. Pis je me suis rendue compte que parfois, notre corps ne nous appartenait plus vraiment. Nous sommes dans une époque où la saine alimentation et l’exercice n’ont jamais été aussi populaires (et c’est une excellente chose!). Se prendre en main, faire attention à soi, ça fait maintenant partie intégrante de la vie des gens. Cependant, nous sommes aussi dans une époque où on clame haut et fort l’importance de s’accepter tel qu’on est et où les mots « régimes » et « maigrir » occasionnent des regards horrifiés!
T’as pas besoin de maigrir, mais t’es « wow » avec tes kilos en moins
Y’a trois ans, j’ai perdu 40lbs en changeant mon alimentation. Quand je disais aux gens que j’étais en processus de perte de poids, c’était immanquable; je me faisais dire « BEN OUI MAIS T’ES MÊME PAS GROSSE!!!!! » (avec le regard horrifié cité précédemment). C’est vrai, je n’étais pas grosse, mais j’étais mal dans ma peau. Ça fait que je me suis écoutée et en faisant attention, j’ai perdu le poids que j’avais à perdre. Et soudainement, je me faisais dire « WOW!!!!!!!!! T’AS DONC BIEN L’AIR EN FORME! » … Ben coudonc, j’étais pas assez « grosse » pour maigrir, mais maintenant que j’ai perdu du poids, je reçois des félicitations. Ok?!
Pis là, un jour, je suis tombée enceinte, j’ai porté mon bébé et j’ai accouché. Je ne me suis pas rendue à la fin de ma grossesse; j’ai accouché trop tôt. Du coup, je n’avais pas pris tant de poids et vu le stress, les aller-retours entre l’hôpital et le Manoir Ronald McDonald ça n’a pas été trop long que j’ai pu remettre mes pantalons d’avant grossesse. Ben savez-vous quoi? Quand j’ai recommencé à m’entraîner 6 semaines après mon accouchement (il faut ben se renforcer le périnée ainsi que les abdos et ultimement retrouver un minimum de cardio non?) eh ben je me suis fait dire: « Pourquoi tu t’entraînes? T’as tout perdu ton poids! », « Tu recommences l’entraînement… tu te trouves toujours ben pas grosse? » ou le fameux « Attends, tu vas voir! D’ici quelques semaines ta petite bedaine va disparaître toute seule! ». Ouin. Ok. Mais il s’agit de MON corps. De MA forme physique. De MON style de vie. Je peux tu, svp, faire c’que je veux?
Tsé, l’inverse est aussi vrai. Quand on voit une femme en surplus de poids ou encore une maman qui n’a pas retrouvé plus ou moins sa taille d’avant grossesse, on trouve que c’est pas mieux! On se dit qu’elle ne fait pas d’efforts, qu’elle ne veut pas, que quand on veut on peut, qu’elle manque de motivation… mais Est-ce que cette personne-là a le droit de s’être peut-être accepté comme ça? Est-ce que cette personne-là a le droit de gérer son corps comme elle le veut?
Ça fait que, finalement?
Ce que je veux dire, là où je veux en venir, c’est qu’on est dans un espèce de cercle vicieux qui fait en sorte que peu importe ce qu’on fait, y’a toujours quelque chose qui cloche. Tu t’entraînes, tu manges santé, t’es relativement mince? Pauvre toi! T’es probablement obsédée par ton apparence physique. Tu manges probablement juste de la salade et tu n’éprouves plus aucun plaisir dans la vie autre que de t’entraîner et manger du tofu. TOUTEFOISL: t’as pas retrouvé ta shape d’avant, t’as un petit bourrelet graisseux et l’entraînement c’est pas pour toi? Tu devrais reprendre ta santé en main. T’es probablement paresseuse. Ton corps c’est important pis t’en prends probablement pas soin pentoute.
Fait que, on n’est jamais content. Les minces sont trop minces, les dodues sont trop dodus, les en forme sont trop en forme et les pas en forme sont trop pas en forme. Pis moi, je suis tannée de ça. J’aurais le goût de dire que je suis ben ben fière de m’entraîner chaque jour dans mon sous-sol. J’aurais le goût de dire que j’suis ben ben fière d’avoir des muscles pour la première fois de ma vie. J’aurais le goût de dire que l’autre jour j’suis sortie de la salle de bain en bobette en criant à mon chum de toucher mon bedon parce que j’avais un minimum d’abdos. Mais non, j’peux pas, parce que sinon, je suis obsédée par mon poids, par mon corps.
Ben savez-vous quoi? V’là une photo dont je suis ben ben fière, parce que j’aime ça faire des DVDs d’aérobie dans mon sous-sol. Pis j’aimerais donc ça qu’on puisse faire l’exercice qu’on veut, manger c’qu’on veut et faire c’qu’on veut sans être tout de suite « trop ci » ou « trop ça »! Pour reprendre ma nouvelle expression de la semaine: Le Body shaming, on peut tu s’en passer?
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